Rencontre avec les scénaristes d’Ennemi public #1
L’ennemi public est dans les murs ! À la Maison des Auteurs, nous le côtoyons depuis plusieurs semaines, ou plus exactement l’équipe des scénaristes de la série à succès Ennemi public travaille dans nos locaux. Une bonne occasion de les rencontrer pour les interroger sur leur pratique de scénaristes de série. Premier épisode de cette série d’entretiens : la genèse de leur projet. Rassurez-vous, il n’y a pas de spoiler ci-dessous !
« Et si on essayait d’écrire une série ? »
Tout a commencé quand on (Matthieu Frances, Christopher Yates et Antoine Bours) a voulu écrire des séries. Avant que ça ne devienne vraiment une possibilité en Belgique, on s’est tout simplement dit « tiens les séries ça commence à devenir intéressant : et si on essayait d’en écrire une ? »
On a d’abord écrit une série fantastique, une histoire de vampire. Et de façon naturelle, on s’est mis à travailler ensemble, on a fonctionné comme une espèce d’atelier, sans réfléchir à la façon dont on écrit une série, ou dont d’autres le font. D’ailleurs, on faisait ça sur notre temps libre, entre deux projets.
Ensuite on a eu un second projet de série, pour lequel on a voulu aller plus loin, travailler de façon plus sérieuse. Il y avait ce moment-là une sorte d’appel à projet, ou du moins une Commission (sorte de prémices au Fonds des séries de la RTBF et de la FWB) qui allait sélectionner des séries dont les porteurs de projets pourraient bénéficier d’un atelier avec Frédéric Krivine.
Notre série n’a pas été retenue, mais on a tout de même pu participer à l’atelier de Krivine. Là, on a vu comment écrire une série : par quels points passer, comment organiser l’écriture d’une série en termes structurels (pas encore au niveau du fonctionnement entre nous).
Des outils indispensables
À partir de là, Matthieu s’est renseigné pour voir comment, plus concrètement, on écrivait une série en atelier. On s’est inspirés des méthodes américaines de writing room, et on est partis de ce modèle pour plancher sur notre projet suivant, qui est devenu Ennemi public. Gilles de Voghel est venu nous rejoindre à l’atelier, et quelques mois plus tard, Frédéric Castadot complétait l’équipe.
On était belges francophones, c’était totalement nouveau, on n’avait pas de méthode du tout donc on a eu la chance d’avoir été appelé sur ce projet. Au début de l’écriture de cette première saison, on s’est vite rendu compte qu’il nous manquait des outils, que ceux qu’on avait eus lors du premier atelier étaient encore trop minces par rapport à l’ampleur du travail qu’on avait à accomplir. Des besoins beaucoup plus techniques ont émergé.
Et c’est là qu’on a entendu parler de Cédric Salmon, en France, qui propose du script-doctoring et des ateliers sur les séries. Sans trop le connaître on a décidé d’aller le trouver, et de s’offrir uns séance de travail avec lui. On a beaucoup appris. On a découvert ce que c’est de structurer un épisode en actes. Ça nous a mis un coup de boost assez dingue pour structurer notre travail, et se lancer véritablement.
Pour aller plus loin
À suivre : le processus d’écriture et le travail en collectif…
En attendant : découvrez ce quelles sont les influences de ces auteurs, en vidéo sur Bela !
La série Ennemi public
Assassin d’enfants libéré en conditionnelle, Guy Béranger est accueilli par les moines de l’abbaye de Vielsart, un tranquille petit village des Ardennes. Il est placé sous la protection d’une jeune inspectrice de la police fédérale, persuadée que l’ancien criminel récidivera. Alors que la population s’indigne de la présence de l’ennemi public #1, la police apprend la disparition inquiétante d’une fillette…
Avec Ennemi public, les auteurs rouvrent avec audace un chapitre douloureux de notre histoire judiciaire en prenant le temps de poser les questions et d’observer tous les points de vue.
Création : Antoine Bours, Fred Castadot, Gilles de Voghel, Matthieu Frances et Christopher Yates
Production : Playtime Films, Entre Chien et Loup, RTBF et Proximus.
10 x 52 minutes, 2016