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Réforme des aides au développement du CCA : Enfin nous y sommes !

jeudi 3 septembre 2020

Le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel a transformé son système d’aides à l’écriture et au développement de longs métrages de fiction et d’animation belges francophones. Décryptage de cette réforme attendue et portée par le secteur, qui permettra de miser sur davantage de projets et d'offrir des moyens supplémentaires pour approfondir leur développement.

 

Enfin ! Nous y sommes !

Malgré le carnage que laisse la crise du Coronavirus sur notre secteur…

Enfin ! Nous y sommes !

La voilà ! Elle est enfin validée : la réforme des aides au développement.

Cela fait plusieurs années que nous l’attendions avec l’impatience ; plusieurs années que les associations d’auteurs, de producteurs et le Centre du Cinéma travaillent dessus en concertation d’arrache-pied. Si cela peut paraitre une réforme parmi d’autres pour certains, celle-ci change littéralement tout. C’est énorme !

On entend parfois des auteurs pester contre la commission, certains même soupiraient que si un « nouveau » C’est arrivé près de chez vous était proposé aujourd’hui, il ne passerait pas les mailles de la commission. La frustration allait grandissant tandis que le nombre de refus par rapport au nombre de déposants gonflait de plus en plus… Il n’y aurait pas/plus de place au Centre du Cinéma pour les projets atypiques, « couillus », non formatés… Hé bien, fini de râler ! Cette réforme ouvre le champ à d’autres types de films, de genre, d’auteurs et d’autrices. Elle amène de la diversité et de l’ambition. Cette modification de paradigme changera la nature de notre Cinéma en lui permettant d’essayer des choses vraiment différentes.

La réflexion autour de cette réforme est née dans la foulée des succès engrangés par le Fonds des séries en 2016. En effet, après La Trêve et Ennemi Public, une question toute simple apparaissait : pourquoi ces séries ont-elles fonctionné ? Malgré des plafonds de production assez bas, les séries voyageaient à l’étranger, la critique et le public les plébiscitaient, là où le public belge francophone boude son cinéma… Qu’est-ce qui avait changé ?

La réponse était simple : la logique de recherche au développement. Le nombre important de projets développés (plus de 20) au regard des projets produits (entre 2 et 4). De surcroît, les auteurs dans le cadre du Fonds FWB/RTBF étaient simplement payés correctement pour écrire. À hauteur de plus ou moins 7% du budget de production (là où au cinéma, on bataille pour dépasser les 1%).

Les auteurs du Fonds des Séries avaient la possibilité d’utiliser cet argent pour se former, pour consulter, pour engager des coauteurs et coautrices, pour se professionnaliser, pour tenter des choses différentes sans devoir multiplier les petits boulots et finalement d’amener en toute sérénité un texte jusqu’à sa mise en production.

Ce n’était pas le cas à la Commission de Sélection des Films. Malgré les différents aides et soutiens qu’elle proposait, le travail d'écriture et de développement restait clairement et dangereusement sous-financé.
Jusqu’il y a peu, un dossier déposé à la Commission Cinéma avait littéralement presque autant de chance d’avoir une aide à l’écriture qu’une aide à la production. Où était donc la pyramide de recherche et développement ? L’écriture s’enraillait souvent pour devenir ce que les anglophones appellent le « Development Hell ». Les enveloppes étaient bien maigres et les durées d’écriture s’allongeaient sur des années et des années… Les auteurs fatiguaient. Les envies changeaient… les réécritures s’enchainaient de commission en commission pour finir par donner ce qu’on pourrait appeler des « scénarios à métastases » (où le projet empire à chaque nouvelle version). Faute de financement, à force de vouloir plaire à tous les guichets, à tous les interlocuteurs, les projets ne plaisaient plus à personne…

La réforme actuelle, initiée par le Centre du Cinéma, change tout cela en augmentant les moyens disponibles pour la création en Fédération Wallonie-Bruxelles, dès septembre 2020, à hauteur de 840 000 € chaque année : le nombre d’aides à l’écriture double (24 aides à l’écriture par an ; 12 500 € par aide) ! La taille des documents à fournir pour les aides à l’écriture se réduit ! Les auteurs ne doivent plus travailler pendant des mois sur un traitement (souvent indigeste à lire) qui n’avait que peu d’utilité pour la suite. À présent, la demande se concentre sur l’essence de sa dramaturgie et de ses intentions. On peut donc faire des propositions sans s’épuiser pendant des mois… Aussi, tester un scénario dans la forme d’un synopsis court révèle parfois plus les défauts et les qualités du film à venir.

Il en va de même pour les anciennes aides au développement (appelé maintenant « développement artistique »). Elles passent à 12 aides par an (30 000 € par aide) et ne concernent que les aspects artistiques du projet (écriture et réécriture du scénario, script doctoring, coaching, travaux de recherche) ; le nombre d’aides et la somme sont donc revus aussi à la hausse. Là où les auteurs et autrices avaient droit à seulement une partie de l’aide (initialement fixé par un maximum), on sépare maintenant bien ce qui est l’aide artistique de l’aide au développement à la production (6 aides de 30 000 € destinées aux travaux de recherche du financement, pré-casting, repérages, élaboration d’une stratégie de promotion et de distribution). Il en résulte que le maximum octroyé se transforme en un minimum au bénéfice des auteurs et autrices.

Par ce système, on évite les écueils – que l’on connait bien – où un film est validé à toutes les étapes, mais arrivé en production, les membres de la commission nous disent – souvent à juste titre – que le personnage n’attire pas l’empathie ou que la thématique n’est pas claire. Non, maintenant, une fois que c’est validé, c’est validé… on passe à l’étape suivante. On ne remet pas en cause tout le scénario. Cette évolution permettra de réduire les délais d’écriture et donc de mieux valoriser l’argent reçu et dépensé.

Vous l’aurez compris, cette réforme nous gonfle d’enthousiasme et d’espoir.

Bravo à tous ceux et celles dans nos associations qui ont rendu cela possible,
Merci au Centre du Cinéma et la Commission de Sélection des Films.
Merci au cabinet de la Ministre de la Culture Bénédicte Linard.

Une relance est possible.
Enfin ! Nous y sommes !

Fred Castadot,
élu au Comité belge de la SACD pour y représenter les auteurs et autrices de l'audiovisuel, et président de l'ASA 


Pour aller plus loin

. Ces nouvelles aides seront accessibles dès la 3e session 2020 de la Commission Cinéma dont la date limite de dépôt des dossiers est fixée au 10 septembre 2020.

. "Un nouveau système d’aide à l’écriture et au développement de longs métrages de fiction et d’animation" : l'information sur le site du Centre du Cinéma

. Consulter les modalités pratiques des aides à l’écriture et au développement

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