Hommage à Jean-Claude Idée

Jean-Claude Idée nous a quittés. Celui qui fut, au cours d'une longue et riche carrière, auteur et metteur en scène, marquera durablement le paysage théâtral belge. Nous avons demandé à Cécile Van Snick, qui a programmé nombre de ses œuvres à l'Atelier Théâtre Jean Vilar, de lui rendre hommage.

La carrière de Jean-Claude a été extraordinairement riche. Acteur, metteur en scène, auteur, dramaturge, traducteur, homme de radio, créateur d’éclairage, professeur…

Durant 50 ans, il a travaillé comme metteur en scène dans la plupart des scènes bruxelloises et a tissé des collaborations fructueuses avec le théâtre privé parisien, principalement le petit théâtre Montparnasse.

Jean-Claude avait l’art de se réinventer. Travailleur acharné ; il avait soif d’apprendre et le talent de transmettre ses connaissances.
Il a brillé comme metteur en scène à Paris ; souvenons-nous de L’Allée du Roi de Françoise Chandernagor joué en France 850 fois et nommé aux Molières en 1995, ou encore de Prof ! de Jean Pierre Dopagne interprété par Jean Piat et tout récemment d’Elysée d’Hervé Bentégat et de Saint Exupéry à New York dont il était l’auteur.

Il a assumé plus de 100 mises en scène et écrit une vingtaine de pièces ; sa force de travail était impressionnante. Comme son intérêt pour la philosophie, l’histoire et son goût pour la lecture.

Jean-Claude était un homme de lettres et un homme de projets ; en 1989 il fonde le MET (Magasin d’écritures théâtrales). Il se bat pour défendre l’écriture contemporaine et les auteurs. Les Belges principalement. Grâce aux lectures spectacles programmés dans les théâtres bruxellois et français il met en lumière des auteurs émergents et favorise dès lors la production de leurs pièces.

Jean-Claude était un humaniste généreux et féru de culture. En 2012, suite à sa rencontre avec Michel Onfray, il fonde les Universités populaires du Théâtre. Cette université itinérante de théâtre gratuite et ouverte à tous multiplie les lectures spectacles en France et en Belgique. Elles ont réuni plus de 100.000 spectateurs.

Les philosophes des Lumières le passionnent ; il transmet à travers ses pièces les idées d’Erasme, La Boétie, Montaigne mais aussi les combats de Victor Hugo ou encore l’humanisme de Saint Exupéry.

Ces dernières années, il s’était attaché à mettre en lumières le combat de femmes exemplaires, courageuses et qui forcent l’admiration ; l’américaine Rachel Carson et la chinoise Lin Zhao.

Homme de convictions ; il avait à cœur de défendre ses valeurs : respect, dignité, courage, élévation de soi, fraternité, ouverture d’esprit, transmission.
Jean-Claude était un homme terriblement attachant : répéter avec lui était un bonheur. Il aimait tant apprendre et transmettre qu’on pouvait l’écouter pendant des heures. Les comédiens étaient « nourris » par sa soif de connaissance. Et il avait le talent de dénicher à travers l’Histoire l’homme ou la femme dont de destin ou le combat faisait écho avec les sujets de société contemporains.

Et puis, Jean-Claude était un compagnon précieux ; il restait calme et toutes circonstances, respectueux et disponible. Fidèle en amitié, loyal et fiable. Surmontant les obstacles avec persévérance et optimisme.

Dans sa toute dernière pièce Boulevard Pasteur terminée en mai 2022, il fait dire au personnage de l’Auteur : « J’ai eu une belle vie, je n’ai pas le droit de me plaindre. J’ai choisi un métier que j’aimais et, grâce à lui, j’ai pu élever mes enfants dans la dignité. J’ai toujours respecté mes idées. Je ne me suis pas trahi moi-même, par opportunisme, facilité et complaisance. Ce n’est pas si mal. Je n’ai pas fait fortune, mais je n’ai jamais été pauvre. Rare privilège, j’ai eu la chance d’aimer, d’être aimé et de partager quelques amitiés sincères. Que demander de mieux ? »
Tu nous manques déjà tellement Jean Claude.
 

Cécile Van Snick

Photo : DR