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"Bruxelles - Brest - Bruxelles", par Claire Gatineau

Mercredi 8 Août 2018

Riches de toutes les écritures qu’elles représentent, la SACD et la Scam vous proposent dans leur Magazine des regards croisés entre des auteurs et des autrices. Pour multiplier les points de vue, confronter les idées, offrir des variations sur un thème... Pour le numéro consacré aux Festivals, Claire Gatineau raconte ses voyages à Brest, pour le festival Longueur d'Ondes.

« J’ai voyagé trois fois jusque Brest. À chacune des fois c’était pour rejoindre le festival Longueur d’Ondes, festival de la radio et de l’écoute. À Brest, on rencontre le visage des grandes radios nationales françaises, sur des plateaux de théâtre, autour de tables rondes, débattant, animant, dans de grand-messes publiques.

Mais le rendez-vous de Longueur d’Ondes est touffu et ses itinéraires sont variables, variés, en partie cartographiés et parfois, pas du tout.

Un festival de l’écoute, c’est large. Il est préférable de s’y laisser aller, oreilles, corps, esprit, et dans la multitude des invitations, se diriger vers les territoires où ça chauffe pour soi.
S’allonger par exemple dans un transat pour écouter les documentaires et les fictions d’autres auteurs, y laisser aller ses réflexions, et penser parfois à sa propre écriture, se relâcher dans un bunker tapissé de coussins pour accéder à des archives aux esthétiques variées, voyager dans le temps, dans les formes, les voix et les rythmiques, autres que les nôtres, s’asseoir dans une salle de cinéma pour y découvrir les expérimentations communes d’étudiants en journalisme et en films d’animation, scruter comment images en mouvements et sons se tissent ensemble, et rêver soi-même de délier sa main et provoquer des écritures tressées, écouter le témoignage des radios libres, penser en terme d’ancrage, se bidonner et goûter à ce que le son et la scène peuvent produire de tonique quand ils se marient sous les yeux de spectateurs, écouter le récit de ceux qui expérimentent la radio en ligne, penser en termes de modèle économique, s’attabler autour d’un café matinal pour écouter le projet d’une installation sonore sur une île bretonne (dont on taira le nom), revenir à la table beaucoup plus tard autour du récit d’expériences de créations collectives durant un festival d’été, ne pas se priver du plaisir de l’interstice et de l’informel, et, sans même prendre le temps de voir la mer, tisser des liens, creuser ses curiosités, se faire soi-même lieu de rencontre.

Et, au fil du temps qui suit, voir ce qui se met en mouvement, en rêve, en nouveau, la main qui dessine, l’oreille qui écrit et entend des histoires à venir, l’esprit qui invente des espaces où des contenus s’articulent et du sens en jaillit, avec au bout de l’infusion un projet de revue sonore, Le Grain des choses.

Et plus tard encore
recevoir des nouvelles
en donner en retour du mieux que l’on peut,
rester voyage, mobile ou immobile ?

Va savoir. »


L'autrice

Claire Gatineau crée dans plusieurs domaines : l’écriture, le dessin, la création radiophonique, le théâtre.
Parmi ses textes on peut compter Au-dessus de la plaine (2006), D’andréas à la maison, recueil édité chez Lansman en 2011 et Balthazar, Dieu et Moi (2016).
Pour ses pièces radiophoniques récentes : Un monde vécu (2013) et Avis de tempête (2014), deux créations coréalisées avec Yves Robic.


Pour aller plus loin

Pour lire le reste du Magazine des Auteurs et des Autrices, c'est ici, et pour le deuxième volet des Regards croisés, écrit par Thomas Gunzig, c'est là.

 

© image : Claire Gatineau

 

"Bruxelles - Brest - Bruxelles", par Claire Gatineau