Rencontre avec les scénaristes d’Ennemi public #3
Après un point sur la genèse de leur projet et sur l’écriture en collectif, nouvel épisode de cette série d’entretiens avec les scénaristes de la série Ennemi Public portant sur le rapport au public. Et toujours garanti 100% sans spoiler !
Trois questions cruciales
Chaque proposition passe d’abord par le filtre de notre collectif, puis par celui de la RTBF.
La RTBF, ce sont nos premiers lecteurs et ils nous font toujours des retours très intéressants. Ce à quoi ils sont particulièrement attentifs (et qui est d’ailleurs essentiel dans l’écriture), c’est les trois questions :
- Est-ce qu’on s’ennuie ?
- Es-ce qu’on comprend ?
- Est-ce que c’est crédible ?
C’est leur droit, voire leur devoir de nous signaler toute difficulté sur ces marqueurs, eux qui ont un point de vue extérieur. Ils sont aussi attentifs à la question de la violence et peuvent nous arrêter si on glisse vers quelque chose de trop glauque par exemple.
Ce sont des discussions qu’on a beaucoup eues lors de l’écriture de la première saison : on s’attaquait à un sujet difficile, ou du moins on abordait de loin une affaire difficile qui avait marqué la Belgique, on devait se poser la question « à quel degré va-t-on envoyer tout ça à la face du spectateur ? ».
Pas d’autocensure mais une attention au public
C’est aussi la question de l’audimat : on essaie de faire en sorte que la série fonctionne, or si c’est trop glauque ça devient répulsif, donc les gens ne vont pas regarder, en tout cas pas le public de la RTBF. La chaîne a la responsabilité de réfléchir à son public, et on prend aussi cela en compte : on sait qu’on écrit pour le service public, pour une diffusion en prime time et pas sur une chaîne cryptée, ça joue aussi sur le type de série qu’on écrit.
Pour autant, à aucun moment on n’a dû se censurer ! Nous avons eu des discussions pour la première saison mais qui touchaient plus à la question du genre, en se demandant comment faire pour mettre en évidence le genre de série qu’on propose. On ne s’est jamais autocensurés dans nos idées en elles-mêmes.
Et puis tout de même, on veut toucher le public, amener des choses dont on sait que les téléspectateurs les aiment bien mais en essayant d’aller un peu plus loin. Là il faut avoir en tête le fait que les téléspectateurs, après des années à voir d’excellentes séries, sont désormais très exigeants. Il faut prendre cette difficulté en compte dans l’écriture.
Le polar c’est un genre que les gens aiment regarder à la télévision, et on essaie de faire en sorte que le nôtre soit satisfaisant, agréable à suivre.
Pour aller plus loin
Relisez le premier épisode, sur la genèse du projet, le deuxième sur l’écriture et le travail en collectif, et découvrez ce quelles sont les influences de ces auteurs, en vidéo sur Bela !
À suivre : leur routine d’écriture…