"Que fait le Comité belge de la SACD ?" par Geneviève Damas
À chaque numéro, un membre d’un des Comités belges s’exprime, alternativement SACD et Scam. Pour le Magazine des Auteurs et des Autrices #6 : "A suivre... les séries" c'est l'autrice et membre du Comité belge de la SACD, Geneviève Damas qui a évoqué son expérience.
Je dois dire qu’il y a quelques années, j’étais incapable de répondre à cette question, incapable de dire quelle était la différence entre la SACD et la Scam, incapable de comprendre les attributions de l’administrateur délégué ; bref, je n’y comprenais rien et je m’en fichais totalement. Ce qui m’importait c’était mon travail, mon inspiration, mes angoisses, mes projets, mes combats. Moi, moi, moi.
Moi, ça a un temps. / Moi, ce n’est pas nombreux. / Moi, ça finit par gaver.
Je ne sais pas quand il m’est venu, le sentiment du collectif, son importance. Bref, à un moment, c’est venu. La question de la reconnaissance des auteurs, pas que la mienne ; une juste rémunération de nos prestations, pas que la mienne ; faire entendre une voix, pas que la mienne. Et donc c’était forcé que dans ce questionnement-là, je commence à m’intéresser au Comité belge (pas que pour l’octroi des bourses ou des prix, même s’ils sont furieusement bienvenus) et j’ai trouvé que, dans notre métier, souvent solitaire, même en équipe, ce Comité était un instrument précieux, qui abattait un sacré boulot, que je n’avais pas envie de faire, je ne cessais d’en admirer les membres et de leur dire : « Moi, je ne voudrais pas être à votre place. » Jusqu’au jour où, blam, on m’a proposé d’en faire partie : « Tu ne t’y présenterais pas, dis, ce serait chouette, il y a des gens chouettes, qui font des trucs chouettes ? » On ne peut pas faire que profiter toute sa vie, m’a enseigné mon père, your turn, baby et, donc, j’y suis.
Depuis, je suis incollable sur le Comité.
Déjà, à l’intérieur, c’est vrai qu’il y a des gens chouettes. Parfois coupeurs de cheveux en quatre, mais chouettes. On s’envoie des mails tout le temps et jusqu’à pas d’heure sur des sujets qui intéressent les auteurs, du type : les nominations de directeurs de théâtre, les auteurs menacés à défendre, la place des autrices – ne le cachons pas, ce Comité fait la part belle aux femmes, et on décide des actions à mener au sein de la SACD. Ensuite, on se réunit, les petits fours sont délicieux et on s’en met plein la panse (non, absolument faux, il y a parfois des biscuits ou un sandwich si on bosse toute la journée, mais on fait attention à ce qu’on consomme puisque c’est l’argent des auteurs, à la planète, donc un peu de plaisir et beaucoup de ceinture). On se réunit avec un ordre du jour une fois par mois minimum, chacun a lu les dossiers et on débat de la place des auteurs, de la visibilité à leur donner, des actions à soutenir, des recommandations à faire aux politiques, des combats à mener. Autour de la table, il n’y a que des auteurs, mais appartenant à des sphères différentes – cinéma, radio, art de la rue, théâtre, cirque, danse –, chacun avec sa sensibilité, son fichu caractère d’auteur, son énergie, son sang-froid, souvent chaud.
Faire partie du Comité est un sacré apprentissage. Je me confronte à des tas de choses qui concernent notre métier, des univers que j’ignorais, à la différence de points de vue, de perception. Le défi est dans notre divergence et notre singularité de créer quelque chose de commun, d’élargir notre pratique, ensemble.
Pour aller plus loin :
. la biographie de Geneviève Damas sur bela
. lire le Magazine des Auteurs et des Autrices #6 : "A suivre... les séries"
. plus d'informations sur le Comité belge de la SACD : ici