Hommage à Bertrand Tavernier
C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris que Bertrand Tavernier nous avait quittés. Au cours de sa longue et prolifique carrière, ce cinéaste majeur, grand défenseur des auteurs et autrices, a plusieurs fois été élu au conseil d'administration de la SACD où Luc Jabon, président du Comité belge, l'a côtoyé. Il lui rend ici hommage.
" À l’époque, comme président du Comité belge de la SACD, je siégeais hebdomadairement à Paris au Conseil d’administration de la SACD France.
J’y retrouvais avec plaisir Bertrand Tavernier, membre éminent du Conseil.
Bertrand, c’était une présence qui s’imposait dès qu’on l’apercevait.
C’était aussi une voix qui avait l’art d’entrer directement dans le vif d’un sujet, quel que soit le propos qu’on échangeait avec lui. Comme tous les grands curieux, il aimait poser des questions (« alors, la Belgique, on en est o ù? »). À vous entendre répondre, on était assuré qu’il se faisait rapidement sa propre opinion.
Dans les débats de politique culturelle, il défendait ardemment des principes, des valeurs. Mais il pouvait aussi s’appliquer avec force sur les détails d’un communiqué, d’une carte blanche, d’une résolution, soutenant invariablement l’exception culturelle, le droit d’auteur, le cinéma, la création.
Batailleur dans les débats, ferraillant sans répit, en d’autres temps il aurait certainement été mousquetaire.
Au déjeuner, si j’aimais dialoguer avec lui, j’aimais surtout l’écouter. Sa mémoire regorgeait de ce qui apparaissait à première vue comme des anecdotes de cinéma (du passé, du présent), mais qui était en réalité de vrais moments de vie.
À travers ses paroles, son ton, le pétillement de son regard, le passé se métamorphosait au présent, déroulant sous nos yeux d’incroyables histoires, souvent teintées d’humour et d’ironie. Sa mémoire encyclopédique n’imposait rien. Elle était plutôt source de partage, déclenchant chez celles et ceux qui le voulaient une soif de connaissance, de découvertes.
Le cinéma a perdu un grand cinéaste. J’ai le sentiment d’avoir aussi perdu un irremplaçable messager. »
Luc Jabon
Lire aussi des hommages sur le site SACD.fr.