D'une façon transversale :
La SACD, la Scam, la SOFAM et l'Union des Artistes adressent une déclaration aux Partis, rappelant les orientations et mesures qu'elles attendent de voir poursuivies, initiées, et, surtout chaque fois que possible, réalisées dans la seconde partie de la législature.
Madame la Présidente, Monsieur le Président,
Madame la Députée, Monsieur le Député,
La situation politique inédite va vous conduire à négocier avec vos futurs partenaires des priorités en régions bruxelloise et wallonne, ainsi qu’à la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ces priorités trouveront donc leur traduction dans des déclarations gouvernementales confirmées ou renouvelées.
Au nom des dizaines de milliers de créateurs et d’artistes que nous représentons, nous souhaitons vous faire part des orientations et des mesures que nos membres attendent de voir poursuivies, initiées, et, surtout chaque fois que possible, réalisées dans la seconde partie de la législature.
Citées ici, ces orientations et mesures sont développées ci-dessous :
1. Décret sur la régulation culturelle du prix du livre
2. Amélioration de la situation des auteurs de radio
3. Contrat de gestion de la RTBF : les créatrices, créateurs et artistes de la FWB joueront un rôle clé dans les nouvelles concurrences
4. Développement du Numérique / Filière de développement transmédias
5. Obligation de plans de promotion individualisée des créatrices, créateurs et des artistes de la FWB dans les secteurs culturels (institutions des arts de la scène, CC, Bibliothèques)
Pour lutter contre une précarité qui devrait toujours scandaliser et mobiliser davantage les administrations et les responsables publics, le redéveloppement de l’emploi artistique – qui a fortement régressé ces 20 dernières années dans la plupart des institutions et associations culturelles et sociales subventionnées – doit être une priorité transversale dans toutes les aspects des politiques engagées, en veillant à ce qu’il soit décemment rémunéré ;
Il s’agit notamment de prendre les mesures nécessaires dans tous les décrets (à l’instar du nouveau décret des arts de la scène)/arrêtés concernés ainsi que les instruments juridiques tels que les contrats-programmes ou le contrat de gestion de la RTBF.
Il s’agit de multiplier les opportunités d’emploi, les activités rémunérées à niveau professionnel, la promotion individuelle des créateurs et artistes, les aides directes (bourses, prix, aides à l’écriture et au développement), et d’adapter/ simplifier les processus administratifs qui pèsent sur des personnes dont les revenus sont notoirement faibles et incertains.
L’attention portée aux créateurs contemporains de la FWB doit se concrétiser au-delà des discours.
Ainsi, « l’activation » de l’emploi doit mieux prendre en compte les réalités de terrain spécifiques aux créatrices, créateurs et artistes.
Les créatrices, créateurs et artistes, leurs associations professionnelles se sont intensément mobilisées pour établir un diagnostic approfondi et un catalogue transversal de mesures prioritaires favorables aux créatrices, créateurs et artistes.
Recommencer ce travail serait une perte de temps, et susciterait des réactions de frustration dans le secteur.
Il s’agit d’intégrer dans les priorités renouvelées les mesures déjà identifiées et attendues, et d’associer les associations professionnelles représentatives à leur mise en exécution.
Nos associations demandent la mise en place d’un programme d’actions positives dans le paysage des médias et de la culture afin que les femmes, ainsi que toute autre catégorie de la population discriminée, soient mieux représentées et puissent participer plus justement à la vie professionnelle des médias et de la culture en Belgique Francophone.
Nous proposons que les opérateurs culturels soient encouragés et valorisés dans la mise en place de ces actions contre-discriminatoires.
Nous proposons que soient ainsi planifiés le partage des postes à responsabilité et l’ouverture des conseils d’administration des opérateurs subsidiés.
À cet égard, nous souhaitons que soient mis en place des indicateurs de progrès permettant d’évaluer régulièrement l’avancement de ce programme (nous travaillons déjà à la construction d’une grille d’évaluation sur le modèle de la grille à point du centre du cinéma).
La FWB a construit nombre de ses politiques grâce à l’investissement (quasi bénévole) des professionnels et experts qui ont apporté leur énergie et leur connaissance des terrains dans les travaux des instances d’avis, notamment les conseils comme le Conseil du livre, le CC du CCAV ou le CCAS.
Leurs apports auraient été moins efficaces et moins tournés vers l’intérêt général s’ils n’avaient pas été auparavant préparés dans leurs associations professionnelles.
Faute de modernisation dans la gestion administrative de ces instances, certains semblent décidés à obtenir la suppression de ce socle élaboré de concertations constructives.
Les créatrices, créateurs et artistes demandent votre engagement à préserver ce modèle de démocratie plus participative, secteur par secteur, même s’il peut être amélioré, et à le transposer dans le fonctionnement des instances régionales concernées par la culture et l’audiovisuel.
Sur base de quelque 19 propositions de loi émanant de vos partis et d’un an de travail d’un comité professionnel bénéficiant aussi d’apports européens (français allemand, flamand), un projet de décret équilibré a été élaboré faisant consensus autour de l’instauration d’une régulation culturelle du prix du livre. Les études juridiques et les contacts européens nécessaires ont été menés. L’avis du Conseil d’État a été rendu.
L’adoption de ce décret est une priorité majeure et urgente pour tout le secteur du livre, confronté à des effets majeurs de globalisation et de vente en ligne.
Le fait que la Flandre mette en œuvre sa propre régulation au 1er juillet 2017 ajoute à cette urgence.
La régulation culturelle du prix du livre doit en outre s’accompagner d’un plan complet en faveur du livre et de la création littéraire (en grande difficulté), plan déjà élaboré par le Conseil du Livre et laissé sans suite à ce jour.
Une analyse globale a été réalisée et un travail de modernisation des conditions d’écriture et de développement, de production et de diffusion des œuvres de fiction et de documentaire radiophoniques a été initié.
Ce travail doit aboutir à des améliorations concrètes dont : un aménagement des budgets octroyés au fond de création radio afin de pouvoir professionnaliser les différentes étapes du travail, la diversification des cases de diffusion à la RTBF sur l’ensemble des chaînes de radio (cf. contrat de gestion), le financement autour de la Sonuma d’un fonds de conservation et d’éditorialisation éducative des œuvres numérisées.
Avec son budget de plus de 300 millions d’euros, auxquels viennent s’ajouter les dispositifs de soutien à la production complémentaires (fonds RTBF, fonds série, fonds « Gulliver », fonds de création radio…), avec ses moyens humains et matériels de production et de diffusion, y compris ses nouvelles plateformes numériques, avec ses accès aux publics belges francophones, la RTBF est l’opérateur audiovisuel et culturel majeur en Belgique francophone.
Son apport à l’emploi artistique a été sévèrement réduit au fil des ans, et s’avère désormais notoirement insuffisant.
Il peut s’agir d’emplois directs ou indirects, des droits d’auteurs versés aux sociétés de gestion pour leurs membres belges en proportion de l’usage de leurs répertoires, des choix de diffusion, fréquences et créneaux plus ou moins générateurs d’audience,
Sur chacun de ces aspects, les créateurs et artistes attendent des améliorations du contrat de gestion (quantifiées de façon précise et concrète) et un refinancement prioritaire des fonds de production.
Ils demandent qu’une attention particulière sous portée au cinéma documentaire qui fait partie de l’ADN du cinéma et de la radio-télévision belge. Ces dernières années, les nombreux espaces de diffusion de la RTBF ont disparu, il ne reste plus qu’une courte case en fin de soirée.
Cette absence de visibilité est aggravée par un manque croissant de financement auquel un nouveau fonds devrait remédier.
Créatrices et créateurs demandent aussi que la fiction TV belge, dont la RTBF peut s’enorgueillir depuis peu, soit déployée dans des conditions budgétaires qui leur permettent, ainsi qu’à leurs collaboratrices et collaborateurs (techniciens artistiques notamment) de tirer de leur travail et de leurs talents des rémunérations honnêtes, à la hauteur de leur investissement artistique.
Pour les créateurs et artistes, il convient de favoriser la constitution de filières associant la FWB, les Régions et les professionnels autour de pôles multimédia thématiques de nature à générer de l’emploi et du rayonnement en Belgique comme à l’étranger, tels que le livre éducatif avec les fonds numérisés par la Sonuma ; ou la bd et la création multimédia numérique et audiovisuelle.
Affichages, programmes, réseaux sociaux, communication radio/tv, les institutions culturelles investissent, grâce aux subsides récoltés, des sommes considérables dans leur promotion.
Force est de constater que les créatrices, créateurs et artistes n’y sont quasi plus jamais mis en valeur, ni même mentionnés… alors qu’ils et elles sont les mieux à même de favoriser l’intérêt et donc la fréquentation des publics.
Il appartient aux responsables politiques de prévoir que chaque institution soit tenue de développer un plan de promotion individualisée des créatrices, créateurs et artistes qu’ils produisent et programment, et plus particulièrement les auteurs et les artistes (comédiens, interprètes) de la FWB.
Nous vous remercions de l’attention que vous prêterez à ces revendications.
Nous serions heureux aussi de pouvoir en conférer avec vous ou avec vos collaborateurs.
Avec notre meilleure considération,
Pour la SACD, Inès Rabadán, Présidente du Comité belge
Pour la Scam, Paola Stévenne, Présidente du Comité belge
Frédéric Young, délégué général de la SACD/Scam
Marie Gybels, directrice-gérante de la SOFAM
Par mandat de Pierre Dherte, l’Union des Artistes