Skip to main content

Être d’ici, aller là

jeudi 21 juin 2018

 

Un nouveau numéro du Magazine des Auteurs et des Autrices, consacré aux festivals, vient de paraître. Inès Rabadán, Présidente sortante du Comité belge, en a rédigé l'édito.

 

Être d’ici, aller là

« Ici, en Belgique francophone, dans une communauté qui s’est longtemps désignée par une autre nationalité que la sienne*, nous sommes connus pour notre modestie. Dans un film de Claudio Pazienza, j’ai un jour entendu un de nos anciens premiers ministres justifier par la modestie des Belges qu’il n’existe plus aucune marque de voiture d’ici. Modestie légendaire, légendaire modestie.

Peut-être parce que je suis à moitié espagnole, je me suis toujours demandé d’où venait cette modestie « naturelle » des Belges, et si elle n’était pas, plutôt que sa justification, le produit d’une certaine politique — en plus d’être celui d’une certaine histoire.

Avec les films que j’ai écrits et réalisés j’ai, comme beaucoup d’entre nous, voyagé dans des festivals, en Argentine, en Allemagne, en Italie, en France. Ce mois de juin, les oeuvres des auteurs et autrices de la SACD sont jouées ou projetées aux États-Unis, en Pologne, en Suisse et ailleurs.

Là, nous sommes délestés un temps de cette modestie censée nous caractériser. Ces festivals sont des oasis. Des lieux de partage avec nos pair.e.s et de reconnaissance. Des lieux où l’intérêt pour la culture et la création nous rappelle que nous comptons, que nous sommes des moteurs de ce
secteur, et que notre travail est une contribution positive à l’histoire humaine. Des lieux qui disent que la culture au sens large — l’éducation, la création, et nos histoires… — devrait passionner les responsables politiques. Alors, là où les artistes sont considérés comme accessoires, c’est à nous qu’il revient de multiplier les oasis, de croire en l’importance de notre travail, et d’y insuffler temps, énergie, pensée.

Les festivals nous invitent à la joie de l’immodestie. La SACD et la gestion collective des droits que nous percevons grâce à nos créations aussi ! »

Inès Rabadán,
Présidente du comité belge de la SACD de juin 2016 à juin 2018


* Alors que les mots « néerlandaise » et « allemande » ont été abandonnés par les Flamands et les germanophones depuis 1980, les francophones ont conservé jusque 2011 l’appellation, qui reste constitutionnelle, de « française » pour leur communauté culturelle.


Pour aller plus loin

Vous pouvez aussi consulter le sommaire de ce numéro, et le lire ou le télécharger ici.